Ennemis d'état !!!

Jonathan soupira. Il n'avait jamais été doué pour les relations sociales et ça ne l'avait jamais vraiment gêné, mais il fallait faire quelque chose maintenant ! Sinon Véga se mettrait, (et avec lui le groupe), en danger...

- Véga !

Puis d'une voix plus douce : Véga... Ils ne retrouveront pas ton corps. Tant que tu restes avec nous, on te protègera. Même si Orpheus n'existe plus, on reste une équipe. Fais nous confiance et surtout à Oz. C'est lui qui semble avoir le plus d'expérience dans l'illégalité... Si tu ne cherches pas à revoir ou à communiquer avec ta famille, "ils" n'auront aucune raison de leur faire du mal...

- Regarde cette appart, Véga... On est déjà à Miami. T'as dormi tout du long et... Disons que Brid et.. nous, on fera ce qu'on peut pour ton corps. Je sais pas dans quel état il est mais, le mec a dit qu'il y avait pas de raison qu'il t'arrive quoi que ce soit. Et puis, on a tout mis en place avec les autres. Tout ira bien...

Oz n'avait pas proononcé une seule parole. Il n'y avait pas besoin de mots, mais tous l'entendaient. Ce temps passé à Orpheus leur avait à tous donnée la force de créer un lien qui ne céderait plus.

Au moment où il pensait qu'il avait faim, Johnny-boy lui mit un sandwich sous le nez ("T'en veux? J'en ai fait plusieurs")

- Tu vois, on te protégera,,, On se protégera, je veux dire. Et puis...

S'ils me font chier, les poulets, je leur rentre dedans et ils vont voir ce que c'est qu'un fantôme...

Ils avaient tous entendu.

Oz était pensif... Comme d'habitude, quoi. Il semblait trouver quelque chose de passionnant dams les circonvolutions mystiques que faisaient les craquelures de la peinture dans la planque.

- Véga, vraiment, pas besoin d'être une brute pour savoir sr battre, à sa façon. De toute façon un fantôme ne se la joue pas Stallone. Ni moi. Bref, regarde, j'entends le livreur de pizza qui arrive.

Oz se coucha dans le vieux feuteuil, sa canne entre les jambe et sembla s'endormir.

...Sonnette... John va ouvrir, c'est le jeune qui livre les pizza d'habitude, un camshoot pas très éveillé. Il parle bizarrement en direction de Véga.

- Tu vois, V, il suffit simplement d'avoir plus d'un tour dans son sac. Je suis un homme d'âge mûr avec une canne, qui boîte? Pas de problème, je deviens un livreur de pizza. Qui je veux. Et y'en a plein comme ça.

Le livreur de pizza pose les cartons sur la table et va chercher 20$ dans le portefeuille d'Oz. Les autres ont compris que c'était normal, ils ne bougent pas. Et puis il s'en va.

...Oz se réveille.

- Tu vois, Véga, c'est de stratagèmes dont on a besoin, pas de Stallone.

- Oh, et puis, ne t'inquiète pas, ton corps est entre de bonnes main (coup d'oeil complice à Brid), si tu veux bien passer dans la chambre à côté... Mais c'est toi qui vois, parce que, hum... T'es salement amoché, hein.

Je me demande si c'est pas un peu intrusif d'entendre toujours penser les autres... On va finir par... euh... former une seule personne? Ca me ferais un peu chier, quand même.

... travelling sur la planque puis le livreur de pizza qui s'en va
... fondu au noir -- coupez

Sourire entendu de Oz.

- Non. C'est pas un jeu.

Oz considérait mieux sa nouvelle situation. Pendant trois années passées dans cette merveilleuse opportunité de réinsertion sociale réussie qu'avait été son expérience au sein du regretté groupe Orpheus, il avait appris bien plus de choses qu'il n'avait bien voulu l'admettre. Il n'était plus le prisonnier clairvoyant qui avait sauvé la vie de la famille d'un gardien, il n'était plus le messie des geôles qui avait aidé un certain F.M. du FBI à arrêter un des pires tueurs en série qui soit. Il n'était plus non plus l'assassin sans pitié qu'il avait été.

Mais pourtant... Il considérait mieux sa nouvelle situation.

Il jeta un regard à Brid.

- Au groupe, on nous appelait des Banshees... Ces vieilles fées irlandaises annonciatrices de malheurs dont le seul cri pouvait tuer (et combien c'est vrai!). Je me plaisais surtout à réconforter les autres. Mais maintenant, il ne s'agit pas de jouer aux fantômes. Nous sommes les messagers de la terreur, les agents survivants d'une société qui représentait quelque chose. Ceux qui l'ont détruit voulaient détruire quelque chose qui pouvait leur nuire. Et je suppose que certains des Flatliners sont derrière tout ça. Quelque chose me dit qu'ils tirent les ficelles depuis le début. Et si nous devons nous battre contre eux, eh bien... Soit. Nous sommes un athanor et nous le resterons. J'ai foi en vous.

Oz resta pensif un moment puis alla chercher quelque chose dans sa voiture.

- Regardez ce que j'ai trouvé au mall!

Il déplia le grand papier (musique dramatique): un grand poster de Judy Garland, le même que sur sa porte à Orpheus. Il le scotcha à côté de la télé.

- Maintenant c'est chez nous ici. Faites tous pareil, mettez de la vie dans ce merdier. Et puis... c'est pas tout ça, mais on a une famille à sauver. Qui veut chercher du boulot?

Brid était assise dans un coin. Ca faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé. Les évènements la dépassaient, et puis, elle aurait bien voulu réconforter Véga. Mais ça, les autres le savaient déjà...Réfléchissant à l'aspect pratique de la chose, elle prit la parole:

-Il faudra constamment quelqu'un pour s'occuper du corps de Véga. Donc je peux prendre un boulot, mais à mi-temps, du moment que quelqu'un d'autre saura s'en occuper et me remplacer de temps en temps. Pour l'instant je reste ici, et je vous apprendrai quand vous aurez du temps. Le plus vite serait le mieux...

Elle se tourna vers Oz:

-Et puis...ça n'a rien à voir, mais il me semble que les Banshees ne tuaient pas. Elles étaient juste le signe annonciateur d'une mort, et c'est pour ça qu'on les craignait. En tout cas, c'est ce que me racontait ma grand-mère...Il y a peut-être différentes versions...

Jonathan semblait dormir. Il faut dire que les nuits avaient été courtes depuis ... l'événement... Pourtant, il sourit. Ils étaient traqués et trouvaient encore le temps de rire...

- Je vous trouve ça, dit-il !

Il claqua des doigts et disparut par une prise électrique... (1)

A peine quelques minutes plus tard, il réaparut un sourir au lèvres.
- Je suis d'accord avec Brid. Les banshee ne tuent pas. Elle annonce simplement la mort d'une des personnes du clan en criant trois frois. Posséder une banshee était source de grande fierté et on les repectait.

et j'espère qu'Oz et Brid n'auront jamais l'occasion de crier...

Jonathan réintégra son corps et se leva.

- Véga, je crois que voler serait la meilleure façon de nous repérer. Mais je te promets qu'un jour tu auras l'occasion de jouer les Lupin.

Puis, il prit le journal et l'ouvrit. Voyons ce que disent les petites annonces...

(1) [hrp]C'est uniquement pour le panache et me soigner du syndrome du gros-bill...[/hrp]

Dans un motel miteux près de Marion.

Oz trouvait qu'il commençait à ressembler à un campeur mal fagoté. Remettre un costume sans crainte serait la plus belle chose qui aurait pu lui arriver... Mais pas les moyens: les ray-ban, ça coùte cher.

- Eh bien si ce n'est pas le cas, maintenant, les banshees tuent. Ou au moins l'une d'entre elles. Et, quoi qu'il en soit, elles ont toujours été associées à la terreur qu'elles provoquent. Ca vous ne me l'enlèverez pas.

- Maintenant j'ai une colle pour vous: on fait quoi? Parce que je ne jouerai pas au héros les jours qu'il me reste à vivre.

Oz repensait à cette fille et aux liens qu'il avait vu.
C'est bizarre. La seule chose qui me retiendrait sur cette terre, je ne sais pas à quoi elle ressemble, ni où elle se trouve...

Jonathan poussa un soupir.

- Qu'est-ce qu'on peut faire ? Bishop nous en veut parce qu'il a peur d'une chose qu'on ignore et nous a mis en plus le FBI sur le dos...

Puis après un moment de réflexion.

- En fait, deux voies s'ouvrent à nous. Soit nous décidons de fuir à tout prix et de quitter le pays de disparaître à jamais... Soit nous décidons de lutter et là, il faut qu'on se trouve des alliés commes des Flatliners opposés à Bishop...

- Hum... De toutes façons on sera nulle part à l'abri. Quitter le pays doit être possible, mais ils nous retrouvons ou qu'on soit. Il me semble bien que ce ne soit pas une question de frontières. Et puis de toutes façons, dans les autres pays ils ne parlent pas la même langue et ils ne sont pas tout à fait comme nous. Ce sont des étrangers.(1)

Oz ne savait plus où donner de la tête. Il devait y avoir une solution... Bishop est puissant, il ne pouvait pas être aussi assidu à éliminer des proies pourtant si fragiles. Il devait y avoir autre chose.

- Je pense qu'il faut qu'on entre en contact avec lui. Si on lui montre que nous ne sommes pas une menace, je pense qu'il nous foutra la paix. Je ne sais pas où il peut être, mais à mon avis, Next world est sur nos culs. Ils doivent savoir quelque chose. Mais pas d'héroïsme cette fois. Ils sont trop forts pour nous.

(1) Pas de racisme, juste le point de vue de l'Américain moyen qui croit que Paris est une ville au Texas.

Oz avait réussi à traîner les autres dans un Starbuck's du coin, prétextant quelque chose comme "bon vieux temps". Mais bon, après avoir explosé la gueule à un spectre qui semblait tout droit sorti d'un roman populaire du moyen-âge français, personne ne se serait opposé à prendre, pendant ce beau dimanche après-midi, un petit moment de réconfort au capuccino industriel.

- Bon, je vais être franc avec vous, mes chers. Il faut qu'on décide ce qu'on va faire ensuite. Je pense que je vais devoir m'approcher des blasphémateurs. Je veux dire, les criminels ne doivent pas avoir beaucoup changé depuis ma jeunesse, je devrais y arriver. Reste à savoir qui vient avec moi. Je n'oblige personne: ce sont des fantômes et ils sont très puissant. Nous ne serons à l'abri sous aucune de nos formes... Autant être franco avec vous. Mais ils ne me font pas peur. Alors?

Oz se rendit d'une chose qu'il fit partager mentalement aux autres. Il y avait quelque chose de fascinant au fond de son gobelet. Il avait oublié à quel point. Un mystère profond que les autres se devaient de découvrir...

Jonathan renversa son café et essuya sa veste avec dégoût.
Calme ! C'est seulement du café ... et rien d'autre...

Il prit une grande inspiration et dit :
-Ok. Donc tu voudrais t'allier ou plutôt te mettre sous la protection des Blasphémateurs ? Pourquoi pas, c'est déjà mieux que d'aller voir Bishop ou le FBI. En plus, si je me rappelle bien, ils ne portent pas vraiment Bishop dans leur coeur.